Esoméprazole (Inexium): c'est quoi, quand, effet secondaire ?
Reflux gastro-œsophagien, brûlures d'estomac, ulcère… L'ésoméprazole fait partie des médicaments anti-acides très couramment prescrits, de la famille des "inhibiteurs de la pompe à protons (IPP)".

C'est quoi l'ésoméprazole ?
L'ésoméprazole est un médicament de synthèse chimique appartenant à la famille des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP). Il a pour rôle de diminuer la sécrétion d'acide dans l'estomac en réduisant l'activité de la pompe responsable des échanges d'ions H+/Na+/K+ située sur les cellules de la paroi de l'estomac. Les ions H+ (appelés protons), une fois libérés dans l'estomac, sont responsables de l'acidité gastrique. En empêchant le passage des ions H+ dans l'estomac, l'ésoméprazole contribue à réduire les brûlures d'estomac et les remontées acides. Ce médicament est notamment utilisé dans le traitement et la prévention des ulcères digestifs (estomac, duodénum), des œsophagites et du reflux gastro-œsophagien.
Quel est le nom commercial de l'ésoméprazole ?
L'ésoméprazole est commercialisé sous le nom d'Inexium®, médicament uniquement disponible sur ordonnance. Divers génériques de l'Inexium® sont également commercialisés sous le nom d'ésoméprazole (laboratoires Almus, Alter, Arrow, Biogaran, Cristers, EG, Evolugen Pharma, KRKA, Mylan, Ranbaxy, Sandoz, Sun, Teva, Zentiva et Zydus). Le Nexium control® (et ses génériques Esoméprazole Biogaran conseil® et Esoméprazole Mylan conseil®) est une forme conseil d'ésoméprazole et contient moins de comprimés que l'Inexium® (7 ou 14 selon les présentations) ; il est disponible en vente libre.
Quelles sont les indications de l'ésoméprazole ?
L'ésoméprazole est indiqué dans la prise en charge des reflux gastro-œsophagiens (traitement symptomatique du RGO, en traitement et prévention des œsophagites par reflux), pour l'éradication d'Helicobacter pylori, bactérie responsable d'ulcères gastroduodénaux (en association à une antibiothérapie) et en prévention des récidives, dans le traitement ou la prévention des ulcères gastroduodénaux associés à la prise d'AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens) ainsi que dans le traitement du syndrome de Zollinger-Ellison (pathologie responsable d'ulcères gastriques et duodénaux multiples, sévères et récalcitrants).
Quelle différence avec l'oméprazole ?
L'ésoméprazole est une molécule très similaire à l'oméprazole : il s'agit de son isomère-S, c'est-à-dire que sa formule moléculaire brute est identique à celle de l'oméprazole mais c'est l'organisation des atomes qui est différente. Ses effets sont donc très comparables à ceux de l'oméprazole. Ces deux médicaments présentent d'ailleurs les mêmes indications, même si leurs dosages ne sont en revanche pas identiques (par exemple, 20 mg d'ésoméprazole ne sont pas équivalents à 20 mg d'oméprazole).
Omeprazole : indications, effets, avant et après le repas
Ce traitement est un antiacide. Il permet de réduire l'acide gastrique de l'estomac afin de calmer les douleurs. Dans quels cas est il prescrit ? Combien de temps dure le traitement ? Quels sont effets secondaires et ses contre-indications ? Un point avec le Dr. Monique Quillard, médecin généraliste.
Quel est le meilleur moment pour prendre de l'ésoméprazole ?
L'ésoméprazole se prend indifféremment au cours ou en dehors d'un repas. La prise d'aliments peut retarder ou diminuer l'absorption gastrique de l'ésoméprazole mais cela n'a pas d'incidence sur son efficacité. La prise le matin ou le soir dépend du moment de survenue des symptômes : le matin si les symptômes sont prédominants la journée, le soir s'ils surviennent surtout la nuit. Les comprimés ou les gélules doivent se prendre entier(e)s avec une boisson, sans être croqué(e)s ni mâché(e)s. Dans certains cas, les comprimés peuvent être dispersés dans un demi-verre d'eau non gazeuse, la solution devant être bue immédiatement ou dans les 30 minutes et sans croquer les granules.
L'ésoméprazole ne devrait pas être pris sans avis médical ni en dehors de ses indications
Quels sont les effets secondaires de l'ésoméprazole ?
Les effets indésirables les plus fréquents de l'ésoméprazole sont des maux de tête, des étourdissements, de la somnolence et des troubles digestifs (douleurs abdominales, constipation, diarrhées, flatulences, nausées, vomissements, polypes). Divers autres effets peuvent survenir mais sont beaucoup plus rares. Aussi, l'ésoméprazole présente divers inconvénients, tout comme l'ensemble des IPP. S'il est pris au long cours (plus de 3 mois voire plus d'un an), il augmente le risque d'infections gastro-intestinales liées notamment aux germes Campylobacter ou Salmonella. L'ésoméprazole peut également diminuer l'absorption du magnésium et de la vitamine B12 et ainsi provoquer des carences comme une hypomagnésémie (pouvant se manifester par de la fatigue, une tétanie, des bouffées délirantes, des convulsions, des vertiges et une arythmie). De même, il augmente le risque de fractures de la hanche, du poignet et des vertèbres, d'autant plus chez les personnes âgées ou à risque. Dans de rares cas, l'ésoméprazole peut déclencher un lupus érythémateux cutané subaigu ou d'autres réactions cutanées graves. Ce médicament peut également interagir avec de nombreux médicaments (certains antirétroviraux, le méthotrexate, le tacrolimus, certains antifongiques, la digoxine, certains antidépresseurs, certains antiépileptiques, les anticoagulants et antiagrégants plaquettaires ou encore le millepertuis). Ainsi, l'ésoméprazole ne devrait pas être pris sans avis médical ni en dehors de ses indications. La durée du traitement doit être la plus courte possible et adaptée à la symptomatologie. Des examens complémentaires sont recommandés afin de ne pas retarder la prise en charge d'une pathologie potentiellement grave.
Quelles sont les contre-indications de l'ésoméprazole ?
L'ésoméprazole est contre-indiqué en cas d'hypersensibilité à la substance active, aux dérivés benzimidazolés ou à un excipient contenu dans le médicament. Ce médicament ne doit pas être utilisé en concomitance avec le nelfinavir (médicament contre le VIH). De par la présence de saccharose, il ne doit pas être pris par des personnes intolérantes au fructose, ayant un syndrome de malabsorption du glucose ou du galactose ou un déficit en sucrase-isomaltase.
Pfizer rate sa nouvelle molécule vedette
Depuis quelques années, les brevets de médicaments lucratifs expirent les uns après les autres, et leurs ventes fondent rapidement face à la concurrence des génériques. Les firmes tentent de s'y préparer avec la mise sur le marché de nouveaux traitements, mais peinent souvent à trouver la martingale, comme le montre l'affaire Pfizer. Certaines contournent la difficulté par des manoeuvres contestables : AstraZeneca avait ainsi remplacé son anti-ulcéreux Mopral par l'Inexium, pourtant très similaire et pas plus efficace. Mais beaucoup de marketing et le manque de vigilance de certains médecins avaient permis la réussite de cette stratégie : l'Inexium est désormais un best-seller, même si la version générique du Mopral, l'oméprazole, est disponible partout pour une fraction du prix. La dépendance des firmes à quelques vedettes est aussi évidente en cas d'accident. L'américain Merck avait ainsi retiré en urgence l'anti-inflammatoire Vioxx fin 2004, après plusieurs milliers d'accidents cardio-vasculaires attribués au médicament. En quelques heures, la firme avait ainsi vu 10 % de son chiffre d'affaires s'évanouir.
Les mauvaises habitudes des Français, gros consommateurs
Près d'une boîte par personne et par semaine, pour un total de 27,5 milliards d'euros, voilà ce que les Français ont consommé en médicaments en 2010. L'affaire du Mediator avait déjà fait prendre conscience d'une certaine addiction aux médicaments.
Deux études, publiées mercredi 28 et jeudi 29 septembre, l'une par l'Afssaps, l'autre par l'assurance-maladie, permettent d'y voir plus clair sur les enjeux du marché et, autre particularité française, la tendance (ou mauvaise habitude) des médecins à prescrire les médicaments nouveaux, même s'ils n'apportent pas plus et qu'ils coûtent plus cher. Certes, la croissance des ventes de médicaments a diminué en 2010 : + 1,2 % contre + 4,7 % en moyenne annuelle sur dix ans. Ce qui réduit l'écart avec les autres pays européens. Mais les Français demeurent parmi les plus gros consommateurs de médicaments. Selon l'Afssaps, qui se base sur les données des laboratoires, ils ont acheté 3,1 milliards de boîtes. Soit, en moyenne, 48 boîtes par personne.
En volume, ce sont trois antalgiques qui se classent premiers : Doliprane, Dafalgan et Efferalgan. Mais ? en valeur, le classement est tout autre. En tête des médicaments au chiffre d'affaires le plus élevé, on trouve le Tahor (anticholestérol), l'Inexium (antiulcéreux), le Seretide (antiasthmatique) et le Crestor (contre le cholestérol).
PRODUITS COÛTEUX
Si les laboratoires ne livrent aucun montant, les données de la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM) permettent de se faire une idée. Rien qu'en remboursements, le Tahor représente 485 millions d'euros et l'Inexium, 329 millions.
Un phénomène persistant préoccupe l'assurance-maladie : le report des prescriptions vers des produits récents et plus coûteux, en dehors du répertoire des génériques. Ainsi, pour les antidiabétiques, de nouveaux médicaments sont apparus, prescrits en association avec des molécules plus anciennes. Leurs prix sont très élevés et ils enregistrent une forte croissance. Pourtant, "la Haute Autorité de santé a estimé qu'(ils) apportaient peu de bénéfices par rapport aux traitements de référence", souligne la CNAM.
Le Mopral, la grande bataille de 2004
Le Mopral, le médicament le plus vendu en France, tombe dans le domaine public le 14 avril prochain. Tous les fabricants de génériques se préparent à cette échéance majeure. Et s'attendent à une bagarre industrielle, mais aussi juridique.
En France, les génériques, c'était gentil jusqu'à présent. Là, on passe aux choses sérieuses. " Comme tous ses concurrents, Dominique Gayrard, PDG d'Arrow Génériques, se prépare pour la grande bataille. La date est déjà fixée : le 14 avril 2004. Ce jour-là, l'oméprazole tombera en France dans le domaine public. En principe, il sera alors possible de copier ce traitement des ulcères, connu à l'étranger sous le nom de Losec ou Prilosec, et vendu dans l'Hexagone sous deux marques : Mopral (AstraZeneca) et Zoltum (Aventis). "Le jour J, tous les fabricants auront sans doute leur version générique, estime Pascal Voisin, de Teva. Et ceux qui ne l'auront pas le paieront cher. "
L'enjeu est de taille. Depuis plusieurs années, l'oméprazole est le médicament le plus vendu en France, et de loin. L'an dernier, il y a réalisé à lui seul un chiffre d'affaires de 450 millions d'euros, en hausse de 4,5 %. De quoi susciter l'appétit des producteurs de génériques, dont le marché accessible va ainsi augmenter de 20 % d'un coup.
Mais les risques sont à la hauteur. Car, bien sûr, AstraZeneca va défendre âprement son médicament vedette, qui, dans l'Hexagone, assure un tiers de ses ventes. Sa riposte est double. Premier axe : le groupe a lancé il y a un an l'ésoméprazole (Inexium), une version plus sophistiquée de l'oméprazole, sur laquelle il concentre ses efforts de promotion. "Pour nous, le Mopral n'existe plus, c'est un produit dépassé scientifiquement, lâche Philippe Géhin, directeur de la stratégie d'AstraZeneca en France. Il y a mieux, c'est l'Inexium, qui représente déjà 12 % des ventes de ce type d'antiulcéreux, contre 30 % pour le Mopral. " Selon les experts, l'Inexium n'apporte toutefois pas de vrai progrès thérapeutique.
Stratégie de dissuasion
Seconde arme d'AstraZeneca, les procès. "On n'est pas des excités de la gâchette, on ne bloquera que ce qu'il faut bloquer", assure Philippe Géhin. Les fabricants de génériques restent cependant sur le qui-vive. Car, dans les pays où l'oméprazole est déjà tombé dans le domaine public, le groupe s'est lancé dans une véritable guérilla judiciaire pour défendre son produit, en s'appuyant notamment sur le fait que les procédés de fabrication restent protégés par plusieurs dizaines de brevets. En août, la Commission européenne a d'ailleurs ouvert une enquête contre AstraZeneca, soupçonné de pratiques illicites pour retarder l'arrivée des génériques.