Avlocardyl® (propranolol) : plus commercialisé, pourquoi ?
L'Avlocardyl®, un des premiers bêtabloquants mis sur le marché dans les années 1960, a été retiré du marché du fait d'un arrêt de sa fabrication. D'autres bêtabloquants ont pris le relais pour prendre en charge les maladies cardiovasculaires.
Définition : qu'est-ce que le médicament Avlocardyl® ?
L'Avlocardyl® est un médicament de la famille des bêtabloquants. Sa substance active est le chlorhydrate de pronalolol. Il a été développé dans les années 1960 pour diminuer la tension artérielle et réduire les troubles du rythme cardiaque tout en ralentissant le cœur.
Pourquoi Avlocardyl® n'est-il plus commercialisé ?

L'Avlocardyl® n'est plus commercialisé depuis le 1er mars 2016 pour des raisons de gestion de portefeuille suite à un changement de fabrication. Ce produit mature est aujourd'hui remplacé par d'autres bêtabloquants avec de nouvelles indications et propriétés. Les spécialistes prescrivent ainsi à leurs patients d'autres médicaments plus adaptés : "des génériques du propanolol ou de nouvelle génération de bêtabloquants qui vont permettre une prise en charge différente (dosage, formulation) de leur pathologie", préciser le Pr Xavier Girerd, cardiologue à Paris.
Quelles étaient les indications d'Avlocardyl® ?
Les indications d'Avlocardyl® étaient, selon le Vidal, les suivantes :
- traitement de l'hypertension artérielle élevée ;
- prévention des crises d'angor d'effort ;
- traitement au long cours après une crise cardiaque ou un infarctus du myocarde ;
- traitement de certains troubles du rythme cardiaque ;
- traitement des manifestations cardiovasculaires des excès d'hormones thyroïdiennes ;
- traitement des cardiomyopathies obstructives ;
- traitement de fond des migraines et des algies vasculaires de la face ;
- traitement de certains tremblements ;
- prévention des palpitations et de l'accélération du cœur lors de situations stressantes ;
- prévention des hémorragies digestives chez les personnes atteintes de cirrhose du foie.
Quel médicament pour remplacer Avlocardyl® ?
Il existe sur le marché différents génériques de l'Alvlocardyl® ou des substances à base de propanolol. Les génériques doivent avoir une composition proche de l'Alvlocardyl®, une équivalence de l'ordre de 20 %. Il doit être remplacé par un autre médicament bloquant les récepteurs bêta-adrénergiques à une posologie équivalente, ou bien l'arrêt du propranolol doit s'effectuer de manière progressive sur une période de 7 à 14 jours. "L'arrêt brutal de l'Avlocardyl® peut entraîner une tachycardie, un cœur rapide, et gêner le patient. L'arrêt doit être progressif et permettre à l'organisme de l'appréhender. Il faut écouter son patient et lui prescrire un nouveau traitement", souligne le Pr Girerd.
Quelles sont les contre-indications du propranolol ?
Le propranolol est contre-indiqué chez les personnes hypersensibles au propranolol ; chez celles souffrant d'asthme, de problèmes respiratoires ou de maladie pulmonaire chronique ; chez les insuffisants cardiaques non contrôlés (choc cardiogénique, bloc auriculoventriculaire non appareillé), chez les femmes enceintes ou allaitantes ; chez les enfants ; chez les personnes cirrhotiques (risque d'hémorragie digestive). Avant d'employer un médicament, ne manquez pas d'informer votre médecin des troubles médicaux ou des allergies que vous pourriez avoir, des médicaments que vous utilisez et de tout autre fait important au sujet de votre santé.
Une pilule miracle contre le syndrome post-traumatique ?
Un psychiatre canadien prône une thérapie basée sur un bêtabloquant, qui "bloquerait certaines protéines du cerveau qui aident un souvenir émotionnel à se matérialiser". Un essai clinique très (trop?) médiatisé est en cours en France.
"C'est très simple. Lors de la première séance, le patient écrit le récit de son trauma sur une ou deux pages, puis il lit ce récit devant un psychiatre ou un psychothérapeute. Une heure avant, il a pris un comprimé de propranolol. Ce processus se répète six fois sur six semaines. Chaque séance dure au maximum 20 à 25 minutes. Et c'est tout !" Qui dit mieux ? C'est tout bête, c'est facile, et au final vous en avez fini avec le syndrome post-traumatique…
Comment ne pas s'en réjouir, et ne pas croire donc ce psychiatre, sorti tout droit de l'Université très sérieuse de McGil au Canada, qui s'exprime ainsi dans un entretien à l'Obs ? Depuis quelque temps, en tout cas, il est partout. Après un long reportage dans le magazine Envoyé spécial, un grand nombre de médias se sont en effet jetés sur sa molécule miracle : le propranolol, un bêtabloquant, hier très utilisé et aujourd'hui démodé dans ses indications cardiologiques.
Certes. Mais peut-on être, pour autant, un tantinet sceptique sur cette pilule antitrauma ? D'abord, cette histoire tombe du ciel canadien. Alain Brunet, à l'origine de cet emballement, est depuis trente ans spécialiste du traumatisme à l'Université McGill de Montréal. C'est sa passion. C'est même sa vie. Superactif, il raconte dans un de ces nombreux entretiens :"Dans les semaines qui ont suivi les attentats du 13-Novembre, j'ai voulu partager le fruit de mon travail avec les professionnels de santé français. J'ai rencontré les dirigeants de l'AP-HP qui m'ont mis en relation avec le professeur Bruno Millet, psychiatre à la Pitié-Salpêtrière. J'ai présenté mes recherches et les articles que j'ai publiés…J'ai alors formé à cette thérapie 160 médecins d'une vingtaine de centres hospitaliers." Et depuis a été lancé un essai clinique, qui est censé durer jusqu'en juillet 2018.
Viol, accident de voiture
D'ordinaire, quand on lance un essai clinique, les investigateurs sont plutôt prudents, cachottiers, d'autant plus quand il s'agit du cerveau dont on maîtrise mal les mécanismes. Là, non. L'Assistance publique-Hôpitaux de Paris lui a ouvert grand les portes pour appuyer son essai. Que sait-on de la molécule en question ? Le propranolol est un bêtabloquant, c'est-à-dire qu'il ralentit la puissance cardiaque. En même temps, il aurait " la propriété de bloquer certaines protéines du cerveau qui aident un souvenir émotionnel – les sensations associées à un événement précis – à se matérialiser", selon Alain Brunet. Qui ajoute : "Au fur et à mesure des séances, l'émotion associée à un événement traumatisant qu'on appelle souvenir émotionnel, s'efface peu à peu. Le patient se rappelle des faits, mais pas de la douleur, ni du stress ressenti."
Efficace donc, terriblement efficace ? "Il marche sur 65% à 70% des patients", affirme ce chercheur. "Et c'est très surprenant. Au bout de deux à trois séances, les personnes vont se rendre compte qu'il est de plus en plus facile d'évoquer l'événement traumatisant." Juste cette réserve : "Nous ne pouvons pas expliquer pourquoi le protocole va marcher chez certains et pas chez d'autres." Autre élément positif, le propranolol se semble pas dangereux pour les patients, car prescrit depuis les années 1970 contre l'hypertension. "On connaît donc très bien ses effets", assure le chercheur canadien. "Là, il est utilisé pour ses effets secondaires." En plus, cette molécule arriverait à faire le tri, entre les bons et les mauvais souvenirs, atténuant uniquement "les souvenirs émotionnels", trop chargés. Pour ce chercheur, tout devient possible. Car à ses yeux, ce choc émotionnel peut être ainsi d'origine variée : cela peut renvoyer à un choc violent, comme un attentat, un viol, un accident de voiture mais aussi un moment particulier de la vie comme une rupture amoureuse ou le décès d'un proche par exemple. "A Montréal, j'ai une étudiante qui utilise ce protocole sur des personnes ayant subi une trahison amoureuse. Car il s'agit aussi d'un souvenir émotionnel", a ainsi raconté Alain Brunet. "On peut imaginer l'utiliser également pour les personnes qui souhaiteraient arrêter de fumer en agissant sur le souvenir du goût du tabac par exemple. Cette découverte ouvre la porte à une nouvelle façon de soigner en psychiatrie."
"Spécialiste des TOC"
Diantre ! Comment faire pour ne pas endosser les habits du grincheux, et plutôt se féliciter alors de cette arrivée dans la pharmacopée, sans trop s'attarder sur l'éthique bien bavarde de cet essai ? Lorsque l'on interroge le professeur Bruno Millet de l'hôpital La Pitié à Paris, qui corganise cet essai en France, il nous demande d'être indulgent. "Je trouve le produit intéressant", insiste ainsi Bruno Millet. "Pour Alain Brunet, c'est l'histoire de sa vie. Quand il est venu en France, je lui ai ouvert tous mes réseaux. Sans restriction. Les gens qui souffrent de ce type de traumatismes, sont dans de vraies souffrances, et tenter de s'occuper d'eux ne me paraît pas inutile." Il ajoute néanmoins : "Peut-être qu'avec la médiatisation, cela dérape un peu, mais dans ma pratique qu'est ce que je vois ? Cela marche, c'est en plus une prise en charge qui n'est pas chère. Et pour moi qui suis spécialiste des TOC (toubles obsessionnels compulsifs), ce qui m'intéresse beaucoup, c'est de comprendre les mécanismes de cette molécule."
En tout cas, pour les éternels sceptiques, il y a dans le panier venant des Etats-Unis l’ecstasy, qui se profile elle aussi comme pouvant agir contre le stress post-traumatique. Un traitement potentiel en cours d’essai, outre-Atlantique.
La pilule qui rend moins raciste
Des chercheurs de l'université d'Oxford ont découvert qu'un médicament couramment utilisé pour abaisser le rythme cardiaque réduit le racisme inconscient.
La prise d'un médicament courant utilisé pour lutter contre l'hypertension a un effet secondaire inattendu: il rend moins raciste. Des chercheurs de l'université d'Oxford en Grande-Bretagne se sont rendu compte que les personnes qui avaient pris du propranolol, un médicament connu en France sous le nom Avlocardyl, avait un score "significativement moins élevé" à un test sur les préjugés racistes inconscients, par rapport au groupe témoin qui avait pris un placebo. Le produit chimique n'a en revanche pas modifié l'attitude consciente des sujets sur le racisme.
Le propranolol est un médicament de la classe des bêtabloquants, utilisé pour lutter contre l'hypertension, et dont l'effet principal est de réduire le rythme cardiaque. Il sert aussi à réduire les effets physiques de l'anxiété. Son action se fait sur une partie du cerveau liée aux émotions, dont le sentiment de peur.
L'étude a été réalisée sur un panel assez restreint, avec seulement "36 hommes d'origine ethnique blanche", mais les résultats sont tout de même troublants et ouvrent la porte à de nombreuses questions éthiques. "Certaines personnes se demandent déjà s'il faudrait utiliser ce médicament pour soigner le racisme", regrette Sylvia Terbeck, la chercheuse du département de psychologie expérimentale de l'université d'Oxford qui a réalisé les recherches, publiées dans la revue Psychopharmacology.
Des résultats très clairs
"La recherche biologique qui cherche à rendre les gens moralement meilleurs a une histoire sombre, rappelle dans l'Independent le professeur Julian Savulescu, l'un des coauteurs de l'étude à l'université d'Oxford. Le propranolol n'est pas un médicament contre le racisme, mais comme beaucoup de gens prennent déjà ce genre de traitement qui peut avoir des effets d'ordre moral, nous devons au moins chercher à mieux identifier ces effets secondaires."
"Nous n'avons d'ailleurs pas voulu chercher à guérir le racisme, précise au Figaro la scientifique. Nous nous sommes seulement servis de ce médicament pour vérifier l'importance des processus émotionnels sur les attitudes racistes inconscientes." Pour éviter les blocages et l'effet des conventions sociales qui inhibent certaines attitudes racistes conscientes, les chercheurs ont fait passer à leurs volontaires un test dit d'associations multiples, qui utilise des associations entre des visages blancs ou noirs et des valeurs positives ou négatives pour déterminer les préjugés liés à la couleur de la peau que l'on peut avoir.
Les résultats de l'essai avec le médicament sont très clairs. "Seulement un tiers des personnes testées avec le propranolol ont eu un score montrant un préjugé raciste, alors qu'en général c'est quelque chose qu'on observe sur une grande majorité des gens", explique Sylvia Terbeck.
"Après ces premiers résultats sur le racisme, nous allons maintenant étudier les effets des émotions sur d'autres préjugés, sur l'appartenance religieuse ou sur l'homosexualité par exemple", confie la chercheuse.